Tour d’Europe de l’abattage de porcs : entre restructuration, fusion et investissement

Au nord de l’Europe, ces dernières années ont été marquées par des rapprochements, fusions et rachats. L’un des groupes leaders, le néerlandais Vion, très actif en Allemagne, continue son plan de restructuration. En Espagne, où l’abattage-découpe est moins concentré, les industriels investissent pour moderniser et agrandir leurs outils…

Panorama des outils d’abattage européens

En 2014, les abattages de porcs de l’Union européenne représentaient près de 250 millions de porcs. Une vingtaine de groupes ont une activité de plus de 2 millions de porcs par an et abattent 45 % de la production européenne. Ils sont originaires de pays de l’UE (Allemagne, Danemark, Pays-Bas, France, Espagne) mais depuis 2013, également de Chine, après le rachat de Smithfield (propriétaire d’abattoirs en Roumanie et en Pologne) par WH Group (ex Shuanghui), 1^er producteur mondial de porc dont le siège est situé à Hong Kong. La dizaine des plus grands abattoirs de l’UE, c’est-à-dire d’une capacité supérieure à 3 millions de porcs/an, abat plus de 44 millions de porcs par an, soit 17 % du total européen. Trois appartiennent à l’Allemand Tönnies, dont le plus grand d’Europe. Mis en service en Pologne en 2010, l’abattoir de l’Italien Pini, dispose d’une capacité d’abattage de 1 000 porcs par heure, une des plus élevée à l’échelle européenne. En Espagne, 3 outils ont une capacité d’environ 3 millions de porcs par an.

En France, le distributeur Intermarché fait son entrée dans la liste des abatteurs de plus de 2 millions de porcs après avoir racheté en 2014 l’abattoir Gad à Josselin (groupe SVA Jean Rozé).

Au Nord : 2015 marquée par des rapprochements

Danish Crown (DK) et Westfleisch (DE) se sont associés pour le désossage et la commercialisation des viandes de coches en créant, avec l’accord des autorités européennes la joint-venture WestCrown. Le Danois TiCan (1,9 million de porcs en 2014), d’abord approché par son compatriote Danish Crown, sera finalement absorbé par l’Allemand Tönnies. Ainsi, Tönnies pourrait dépasser 19 millions de porcs, approchant le leader Danish Crown, dont l’activité diminue en Allemagne et au Danemark. Outre la coentreprise avec le groupe français Avril (à travers sa filiale Abera : investissement de 5 millions d’euros à Vire), Tönnies s’internationalise en investissant dans l’élevage et l’abattage en Russie depuis 2013 et en Serbie début 2015. Le groupe investit également dans la transformation avec le rachat en 2011 du leader de la charcuterie en Allemagne (ZMI, Zur Mühlen), et en 2014, de Heinrich Nölke (charcuterie de volaille et porc). Pour le Néerlandais Vion, l’heure est encore à la restructuration. Après avoir cédé ses activités en Angleterre, sa branche coproduits et plusieurs abattoirs aux Pays-Bas et en Allemagne, le groupe prévoit d’investir 25 millions d’euros pour moderniser 3 de ses outils allemands. En Belgique, les deux principaux abatteurs Covalis et Westvlees ont fusionné pour devenir Belgian Pork Group.

Les Espagnol investissent…

En Espagne, l’abattage-découpe se concentre grâce aux investissements réalisés par les leaders. En 2009, aucune entreprise espagnole n’abattait plus de 2 millions de porcs par an, en 2014, elles sont 5. Elles ont abattu près de 17 millions de porcs en 2014 (40 % de l’activité espagnole) soit + 3,7 millions en 2 ans. Vall Companys et Carniques Juià ont investi chacun une vingtaine de millions d’euros dans la construction d’une nouvelle salle de découpe. Les autres groupes ont aussi modernisé et agrandi leurs installations. Costa Brava est la première entreprise espagnole à obtenir une homologation pour exporter aux Etats-Unis après avoir réalisé des travaux pour 12 millions d’euros …

Contact : berengere.lecuyer@ifip.asso.fr – Source : Mensuel économique Baromètre Porc de l’Ifip (Janvier 2016)