Gestion territorialisée des effluents d'élevage (GESTE) - Outils pour faciliter l’émergence et la mise en oeuvre sur le terrain d’opérations de gestion collective
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Auteurs :
Espagnol S, Anzalone G, Avadi A, Ayari N, Blazy V, Boulestreau-Boulay AL, Bourrin S, Brosset L, Cadero A, Di Bianco S, Foray S, Garcia-Launay F, Jacquot AL, Jarrige de la Sizeranne L, Joly C, Langlois AS, Lenouvel J, Levasseur P, Martel G
L’épandage des effluents d’élevage en agriculture participe à la fertilisation des cultures et permet par ce recyclage d’économiser des engrais minéraux. Sur des territoires, des déséquilibres entre production et valorisation possible des effluents peuvent conduire à des impacts négatifs sur l’environnement. Une gestion collective permet d’envisager, des échanges entre fermes pour rééquilibrer les flux, ou un traitement collectif avec des co-produits exportables, voire une valorisation de biomasse produisant de l’énergie renouvelable. Sur le plan environnemental, la solution collective peut conduire à, des économies d’engrais minéraux, une réduction des flux vers l’air et l’eau, mais elle peut aussi engendrer plus de transport. Il est donc important d’être à même de faire un bilan préalable pour cerner les avantages et inconvénients sur un territoire donné. Dans ce contexte, le projet GESTE (GEStion Territorialisée des Effluents d’élevage) porté par l’IFIP vise à étudier les possibilités de gestion et de valorisation des effluents d’élevage à une échelle collective, en regardant si les impacts environnementaux peuvent ainsi être réduits à l’échelle du territoire. L’objectif du projet est de produire des outils pour favoriser l’émergence et la mise en oeuvre de solutions de gestion collective des effluents, qui améliorent la durabilité des élevages et de leur territoire.
L’analyse d’une vingtaine d’expériences de gestion collective a permis d’identifier une liste de leviers et de freins. Les expériences se sont essentiellement construites autour de collectifs de 10 à 50 éleveurs à l’échelle de communauté de communes. La moitié d’entre elles portait sur la mise en place d’une unité de méthanisation collective, l’autre moitié était basée sur des échanges d’effluents ou de parcelles entre exploitations pour résorber des excédents. Un tier seulement des expériences était encore en fonctionnement, les autres ayant été avortées lors de leur construction ou arrêtées après quelques années de fonctionnement. L’analyse a permis de lister 27 critères à prendre en compte pour évaluer si la configuration est favorable ou défavorable à une gestion collective des effluents, et pour lever, si possible, d’éventuels freins. Ces leviers et freins recouvrent des aspects environnementaux, financiers, réglementaires, d’acceptabilités sociales. Certains freins s’avèrent plus ou moins maitrisables comme trouver un financement pour construire un méthaniseur collectif ou comme les contraintes réglementaires autour des plans d’épandage. D’autres peuvent davantage être gérés et devenir ainsi des leviers comme définir une gouvernance pérenne, ou veiller à apporter une plus-value aux éleveurs impliqués et quantifier les bénéfices pour les éleveurs et le territoire. Fort de ces constats, trois outils ont été construits par le projet pour permettre d’accompagner des territoires dans leur réflexion sur une gestion collective des effluents d’élevage. Le premier est une brochure technique qui liste les points d’attention à avoir lors de la mise en oeuvre d’une gestion territoriale et les différentes options techniques (échanges, méthanisation, séparation de phase, …). Chacune est décrite par rapport à ses objectifs, sa mise en oeuvre, ses performances techniques et économiques. Cet outil peut être utilisé en première étape par des animateurs de territoire ou des groupes d’éleveurs. Le deuxième outil est un simulateur qui permet de tester l’incidence (implantation des unités collectives, alimentation et gestion des co-produits de traitement, transport, consommations d’énergie, émissions gazeuses en ammoniac et gaz à effet de serre) de la mise en place sur un territoire donné d’une solution de gestion collective des effluents d’élevage. Cet outil est adapté pour un collectif déjà constitué qui souhaite visualiser ce que donne une solution sur son territoire. Il faut fournir une description détaillée du territoire avec l’ensemble des exploitations agricoles et des parcelles, et le calcul se fait en lien avec l’IFIP ou INRAE. Le format du simulateur à l’issue du projet est générique pour tout type de territoire, mais est uniquement renseigné pour le territoire pilote de Chateaubriant-Derval. Ce territoire est une communauté de communes située au nord-est de la Loire-Atlantique, avec près de 700 exploitations agricoles (essentiellement avec un élevage tourné vers la production laitière et les bovins allaitants) et 60000 ha. Ce territoire pilote animé par la CRAPL a été associé à une démarche de co-construction participative ComMod avec INRAE pour répondre à un projet de méthanisation et de bilan en azote équilibré sur le territoire. Les résultats mettent en avant une grande diversité d’acteurs et de ressources impliqués. La construction et le test d’un jeu de rôle avec des étudiants de l’Institut Agro a permis d’identifier les éleveurs pouvant ou non participer à des échanges et d’identifier des changements dans la mobilisation d’un méthaniseur à la suite des échanges entre les agriculteurs. Des boites du jeu de rôle ont été produites. Elles peuvent être mobilisées par d’autres collectifs en troisième étape lorsqu’une solution de gestion collective est identifiée, pour voir comment les agriculteurs se l’approprient.
Fiche technique
Titre :
Gestion territorialisée des effluents d'élevage (GESTE) - Outils pour faciliter l’émergence et la mise en oeuvre sur le terrain d’opérations de gestion collective
Date sortie / parution :
2025
Référence :
Rapport du projet GESTE, janvier 2025, 75 pages