Tendances d’évolution de l’association d’herbivores et de porcs dans le Massif central au regard du dernier recensement agricole

Visuels d'intervention de Christine Roguet, à Angers, 6-7 juin 2024

Malgré la faible densité de porcs et la prédominance des herbivores dans le Massif central (Rieutort et al., 2014 ; AGRESTE, 2022), la filière porcine y joue un rôle essentiel pour le maintien d’outils d’abattage et de transformation des productions animales, pour les emplois et l’identité culinaire de ce territoire (Rapey et al., 2021). Or, en 2020, près d’un tiers des porcs du territoire était détenu par un chef d’exploitation âgé de plus de 55 ans, contre 16% en 2010. De plus, avec trois quarts des éleveurs de porcs élevant aussi des herbivores (Balouzat et al., 2020), la dynamique de la filière porcine sur ce territoire ne peut pas être abordée sans considérer celle des herbivores. L’attention à la mixité porcs-herbivores était jusqu’à récemment peu développée dans les analyses concernant l’élevage du Massif central où elle est pourtant bien présente. C’est pourquoi, de 2018 à 2020, une action de recherche-développement, APORTHE (https://www.aporthe.fr/), associant acteurs de la filière porcine et de la recherche, a commencé à caractériser les situations et changements en cours dans les élevages de porcs mixtes et spécialisés de ce territoire. En l’absence d’enquête statistique spécifique et récente sur la structure des exploitations, la caractérisation de la production porcine et des ateliers herbivores associés a alors reposé sur l’analyse des données de BDPORC1 de la dernière année disponible à l’époque (2018), complétée par une enquête postale construite et déployée en 2019 pour recueillir les caractéristiques des autres ateliers animaux, du foncier et de la main-d’œuvre notamment. Sur 1 250 éleveurs destinataires (ceux ayant notifié dans BDPORC plus de 10 porcs sortis en 2018, sur un total de 1 613 sites porcins dans le Massif central), 266 ont répondu, permettant de construire une première caractérisation de la diversité des élevages mixtes et spécialisés, avec l’élaboration d’une typologie des exploitations détentrices de porcs (Balouzat et al., op. cit. ; Rapey et al., op. cit.). Le passé et le futur des six types alors identifiés sont apparus contrastés. Ces résultats ont suscité des besoins d’approfondissement et de diffusion des connaissances concernant ces élevages conduisant au lancement, en 2023, d’une seconde tranche de recherche-action, APORTHE 2. Un de ses objectifs principaux est d’identifier les freins et leviers pour favoriser la reprise des exploitations et l’installation d’actifs agricoles grâce à la mixité porcins – bovins au cours des prochaines années. Pour cela, un état des lieux exhaustif et quantitatif des exploitations d’élevage du Massif central et de leurs différentes dynamiques a tout d’abord été réalisé à partir d’une analyse spécifique des données individuelles du recensement agricole (RA)2 de 2020 (mises à disposition en 2022 via un accès à distance sécurisé), délimitée au Massif central et ciblant tous ses élevages. Reposant sur une base de données comportant un grand nombre de variables renseignées en 2010 et 2020, elle a permis de caractériser plus précisément l’ensemble des exploitations avec porcins (celles avec ou sans herbivores) du Massif central3, comparativement aux exploitations herbivores (celles sans porcin), les différences de dynamiques structurelle et locale entre exploitations depuis 2010, et ainsi de compléter la caractérisation des élevages réalisée sur la base de l’enquête postale de 2019 et de ses 266 répondants. En complément, pour mieux comprendre les modalités de la concentration structurelle des sites d’élevage porcins dans le Massif central, leurs trajectoires individuelles ont été tracées puis typées sur la période 2014 – 2022, à partir des données de BDPORC. Ces analyses basées sur les données du RA et de BDPORC apportent des connaissances sur la pluralité des formes, la spatialisation et les dynamiques récentes des élevages, porcins et autres, dans un vaste territoire à dominante herbagère et bovine. Après une partie méthodologique, l’article présente les principaux résultats de ces analyses quantitatives.

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