Analyse : Coûts de revient internationaux en 2021 : hausse généralisée dans l’ensemble des pays
Analyses et études, Articles de conjoncture
14/11/2022 11:32 | Place des marchés Il y a 11 mois et 29 jours
Ajouter à ma listeEn 2021, les résultats des éleveurs sont en baisse, du fait de la hausse généralisée des coûts de revient (+ 14,9 % en moyenne) et alors que les prix perçus diminuent dans toute l’Europe, excepté en Italie. Les résultats deviennent négatifs dans 12 des régions étudiées, contre 5 en 2020.
Le réseau InterPIG établit les différents coûts de revient du porc dans 18 pays ou régions1 du monde. Tous les coûts sont exprimés en euros pour être comparés. En 2021, ces coûts varient de près d’un euro entre le Centre-Ouest du Brésil et l’Italie traduisant ainsi la diversité des situations étudiées. Alors que l’Italie, comme certains pays du Nord de l’Europe développent des produits différenciés, (porcs lourds, plein air, etc.), les pays outre-Atlantique produisent des porcs moins chers, aux coûts de production plus faibles.
Coûts alimentaires en hausse
La crise des matières premières, débutée en automne 2020 et accentuée par la crise géopolitique actuelle, impacte à la hausse le poste alimentation dans l’ensemble des pays étudiés, et avec lui les coûts de revient. La barre de 2 €/kg carcasse est franchie en Italie et en Grande-Bretagne.
La hiérarchie des pays reste sensiblement la même, mais la hausse des coûts alimentaires touche plus durement les pays outre-Atlantique. Cette situation réduit l’écart de coût de production avec l’Europe. Le Danemark, pour la première fois depuis la création d’InterPIG, présente des coûts inférieurs à ceux du Canada. En effet, en 2021, la production canadienne de canola (colza OGM) a été l’une des pires du 21e siècle et les récoltes de blé ont elles aussi été mauvaises, ce qui place le pays en tant qu’importateur sur le marché des matières premières en pleine crise. Les pays de l’Union européenne, productrice de céréales, sont davantage protégés et la hausse des cours s’opère dans une moindre mesure.
Profils hétérogènes
Les écarts constatés dans les coûts de revient s’expliquent à la fois par les prix des différents facteurs de production et par les performances techniques des élevages. Le coût alimentaire, premier poste de charge, varie de 0,82 € par kg carcasse en Finlande – qui bénéficie de prix de l’aliment très faibles – à 1,45 € par kg carcasse en Italie. Il représente, selon les pays, entre 50 % et 83 % du coût de revient en 2021.
Le poids des contributions non alimentaires dépend du prix des bâtiments, du coût et de la productivité du travail ainsi que de charges opérationnelles diverses (renouvellement, dépenses de santé, eau et énergie, etc.). La variabilité observée sur le poste main d’œuvre s’explique en grande partie par les différences importantes entre pays sur le coût horaire du travail (de 2,3 à 27,1 €/h). Les variations de prix des bâtiments neufs sont importantes, de 2 230 € par truie au Canada à plus de 12 000 €/truie en Finlande et en Autriche. Le Danemark reste leader en productivité des truies, avec 34 porcelets sevrés par truie en production par an. Les éleveurs français sèvrent 30,1 porcelets par truie et talonnent l’Allemagne (30,2).
Résultats en berne
Les prix perçus baissent en 2021 dans l’ensemble des pays de l’Europe (14 des 18 pays), notamment du fait des diminutions des importations chinoises, dans un contexte d’offre européenne élevée et d’expansion de la fièvre porcine africaine en Allemagne. Associés à une hausse des coûts de revient, le recul des prix perçus affectent les résultats des élevages. Seuls les Etats-Unis et le Canada, portés par des prix en forte hausse (de + 52 ct et + 68 ct resp.), présentent des résultats meilleurs qu’en 2020. Les marchés nord-américains ont connu un recul majeur de l’offre en porc au cours de l’année et les Etats-Unis ont bénéficié d’une forte demande intérieure et extérieure, profitant aussi aux exportations canadiennes. Au niveau européen, Danemark et Espagne maintiennent des résultats positifs (+ 4 ct et + 2 ct resp.), alors qu’ils s’effondrent en Allemagne et aux Pays-Bas (- 47 ct et – 33 ct). Le résultat des élevages français est lui aussi négatif (- 12 ct €).
1: Les données du Royaume-Uni sont scindées entre porcs plein air (Ext) et porcs en bâtiment (Int). Brésil CO correspond au Centre-Ouest du Brésil.