Point de vue : viande porcine en Europe, un rebond fragile et inégal

Malgré l’essoufflement de l’inflation en 2024, les prix alimentaires demeurent au-dessus du niveau d’avant-crise et pèsent sur le pouvoir d’achat des Européens. Malgré tout, la consommation de viande repart à la hausse, tirée par la volaille et le porc, mais avec de fortes disparités entre pays. Cette reprise met en lumière la tension croissante entre pouvoir d’achat et durabilité.

En dépit d’un infléchissement de l’inflation alimentaire à +2,0 % en 2024, les dépenses alimentaires des ménages européens sont près de 30 % plus élevées qu’en 2021, avant la crise économique. Les salaires ayant augmenté cette année, le pouvoir d’achat net progresse, mais n’efface pas la perte cumulée depuis 2021. La demande de viande redémarre, mais les trajectoires nationales divergent fortement selon les arbitrages faits par les consommateurs.

La volaille bénéficie d’une légère déflation (-0,7 %) au sein de l’UE à 27, qui renforce son attractivité auprès des consommateurs les plus sensibles aux prix. À l’inverse, les prix du porc et du bœuf restent dynamiques avec une inflation de +2,7 % en 2024 sur un an, +27,7 % pour le porc depuis 2021. Cette dualité de conjoncture met sous pression les marges à l’aval de la filière et profite un peu plus aux éleveurs, tandis que les distributeurs cherchent à préserver l’équilibre entre volume et rentabilité.

Les disparités entre États membres se creusent : aux Pays-Bas, le prix de détail du porc bondit de 5,4 % en un an, entraînant