Manque de soutien de l’UE à l’Agriculture Biologique
La Cour des comptes européenne a publié courant septembre un rapport sur l’agriculture biologique en UE, mettant en avant des lacunes et incohérences dans la stratégie européenne 1. Celle-ci est critiquée pour son manque d’indicateurs, d’objectifs chiffrés et de données de suivi. D’après la Cour des comptes, le seul objectif initial fixé en 2020 2 – 25 % des terres agricoles des Vingt-Sept cultivées en agriculture biologique d’ici 2030 – semble aujourd’hui « hors de portée ».
Au total, 12 milliards d’euros ont été attribués au développement du bio entre 2014 et 2022, et 15 milliards d’euros supplémentaires pourraient être injectés d’ici à 2027. Si cet argent a permis d’augmenter les surfaces en agriculture biologique (6,2 % des surfaces UE en 2015 3, 10,5 % en 2022), la Cour des comptes recommande de considérer de nouveaux objectifs, axés sur le développement de l’ensemble du secteur, pour « encourager la production et la consommation biologiques ».
Ce rapport intervient dans un contexte très compliqué pour la filière de porc biologique française. Le nombre d’élevages produisant du porc biologique a diminué de 7 % en 2023 : au total, plus de 50 éleveurs de porc ont cessé de produire, qu’il s’agisse de départs en retraite, d’arrêts d’exploitation ou de déconversion vers du label ou d’autres démarches différenciées. En 2023, la filière comptait 16850 truies, soit une baisse de près de 12 % par rapport à 2022.
Production de porcs sous signes officiels de qualité
Porcs biologiques Activité 2023 | 2023 | % 2022 |
---|---|---|
Nombre d’élevages | 655 | – 7,2% |
Nombre de truies | 16 852 | – 11,6% |
Abattages (têtes) | 209 000 | – 24,9% |
Tonnages abattus (tec) | 21 008 | – 23,3% |
% cheptel de truies bio | 1,9 % | – |
Dès 2021, la saturation du marché se faisait déjà sentir, entraînant en 2022 des déclassements de pièces voire de carcasses entières. L’inflation galopante de 2022 est venue s’ajouter à ce contexte de surproduction. Les prix de l’aliment biologique ont continué de grimper, réhaussant donc les coûts de production pour les éleveurs. En 2023, les prix déjà élevés du porc biologique sont devenus inabordables pour la plupart des consommateurs. La demande a chuté drastiquement. Les contrats long-termes conclus entre éleveurs et aval arrivant à échéance n’ont pas été renouvelés. D’autres contrats sont renégociés à la baisse. A ce jour, la filière porcine biologique est toujours fortement impactée et sa reconstruction ne pourra se faire sans un appui fort au développement du marché.
Source : Cour des comptes européenne, Agence Bio, Commission Bio Interbev, Sylaporc et Agreste, Eurostat
1 Notamment du 3e plan d’action de l’UE en faveur du développement de la production biologique
2 Stratégie « De la ferme à la table »
3 Communiqué de presse Eurostat 208/2016