Pourquoi et comment intégrer la balance électrolytique dans les critères de formulation des aliments pour monogastriques

L’évolution des conditions de production, d’une part, avec des animaux sélectionnés pour être de plus en plus performants et, d’autre part, la prise en compte de contraintes multiples (économiques, environnementales et sociétales) conduisent à formuler des aliments au plus près des besoins classiques des animaux (énergie, acides aminés essentiels, minéraux) tout en réduisant l’incorporation de certaines matières premières. Ainsi, la moindre incorporation de soja permet de réduire les rejets azotés par une baisse du taux de matières azotées totales de l’aliment, mais conduit également à une diminution de son bilan électrolytique (BE). Ce critère permet d’évaluer le caractère acidogène de l’aliment, qui influence l’équilibre acido-basique de l’animal et peut altérer ses performances. Les monogastriques, notamment le porc et les espèces avicoles, étant particulièrement sensibles au risque d’acidose, de nombreuses études ont porté sur l’étude de la relation entre le BE et le niveau de performance. Un aliment fortement acidogène (BE < 0 mEq/kg) peut être recherché de façon transitoire, par exemple en peri-partum chez la truie. Mais à plus long terme, un BE bas accentue le risque de déminéralisation osseuse et provoque une chute de l’ingestion spontanée d’aliment quelle que soit l’espère. En outre, chez les reproducteurs, il entraîne une baisse de la production de lait (truie) ou de la qualité de la coquille (poule pondeuse). Chez les animaux en croissance, la vitesse croissance est pénalisée (porc et poulet) voire l’efficacité alimentaire (poulet) et l’adiposité de la carcasse (porc et poulet). Des plages de valeurs de BE sont suggérées selon l’espèce et le stade de production sur la base d’une revue des travaux disponibles dans la bibliographie.