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Guerre commerciale menée par D. Trump, les impacts économiques pour les matières premières

Les sanctions annoncées le 2 avril dernier par Donald Trump ainsi que les mesures de rétorsions prévues par certains partenaires visés marquent une nouvelle escalade dans les tensions commerciales et questionnent sur le devenir du commerce des matières premières et par conséquent, sur l’évolution des prix.
Entre risque de perte de débouchés à l’export, de rupture d’approvisionnement, de tension sur l’offre, les équilibres mondiaux entre offre et demande pourraient être durement bousculés. Dans ce contexte incertain, l’évolution des prix dépendra de nombreux éléments : capacité des acteurs à réorganiser les flux, recours aux stocks, ampleur réelle des mesures de rétorsion.
Les principales matières premières utilisées en alimentation animale répondent à des dynamiques et des contraintes différentes. C’est pourquoi une analyse spécifique à chaque matière première et déclinée par marché est proposée, et tente d’anticiper les évolutions possibles des prix dans les prochains mois.
Blé : un marché mondial peu dépendant des Etats-Unis
Dans ce contexte de tensions commerciales, le blé est la matière première la moins exposée. En effet, les Etats-Unis représentent en moyenne 6% de la production mondiale de blé (48,4 Mt) et 10% des exportations mondiales, limitant leur importance sur la scène internationale. Les volumes exportés, 20 Mt en moyenne, sont principalement destinés au marché Asiatique (8% des importations chinoises, 40% pour le Japon et 43% pour la Corée du Sud) et à l’Amérique du Sud. L’UE n’importe pas de blé américain à l’exception de la contractualisation de quelques volumes par l’Espagne depuis 2022, autour de 20 000 t. Les Etats-Unis ne constituent pas non plus un débouché pour les exportations européennes.
Le devenir des exportations américaines dépend principalement des mesures de rétorsions prises par ses partenaires. Si la Chine a d’ores et déjà mis en place des droits de douane de 34% sur les produits américains, les autres partenaires n’ont pour l’instant pas répliqué.
Marché américain :
Les mesures de rétorsions appliquées par la Chine entrainent une perte de compétitivité du blé américain à l’export et une possible perte/réduction des débouchés vers ce partenaire. Cette perte de débouchés, si elle n’est pas compensée par ailleurs, entrainera une baisse des cours sur le marché américain. Si les Etats-Unis veulent maintenir leurs exportations sur les niveaux habituels, alors ils devront baisser leurs prix à l’export pour rester compétitifs dans un marché très concurrentiel.
Marché européen :
Au regard de la faiblesse des volumes échangés avec les Etats-Unis, le marché européen ne devrait pas directement souffrir de ces mesures tarifaires, même si des mesures de rétorsion étaient appliquées.
Marché asiatique :
A l’exception de la période post crise FPA chinoise, les volumes de blé américain importés par la Chine ont toujours été négligeables (< 1Mt soit < 10% des imp. Chinoises). La Chine importe principalement depuis l’Australie. Les nouveaux tarifs douaniers affecteront donc peu le marché chinois. Par ailleurs, la Chine détient de stocks de blé considérables, 130 Mt (50% des stocks mondiaux). Elle dispose donc d’alternatives sures pour poursuivre ses importations, avec des stocks qui couvrent presque une année de consommation domestique.