PNNS : Nouvelles recommandations pour une réduction de la consommation des viandes
Un récent rapport du Réseau Action Climat et de la Société Française de Nutrition met en avant le fait que malgré la volonté gouvernementale d’accélérer la transition alimentaire, la consommation apparente en viandes en France tirée par la volaille, reste relativement stable (+0,2 % par an entre 2013 et 2022). Aussi, à la faveur de la révision du Programme National Nutrition Santé (PNNS), ces associations préconisent d’abaisser le seuil de consommation maximale des viandes à 450 g par semaine en incluant l’ensemble des viandes rouges (bœuf, porc…), la volaille et les autres viandes transformées et la part de charcuterie maintenue à l’identique, à 150 g par semaine. Actuellement, la consommation maximale préconisée est au total de 650 g par semaine dont 500 g en viande rouge tout en privilégiant la consommation de volailles, pour laquelle aucune limite n’a été fixée. Ces préconisations reviendraient par conséquent à réduire de plus de moitié la consommation en viande rouge. Lancé en 2021, le PNNS cherche à améliorer la santé des consommateurs au travers de recommandations nutritionnelles assorties de campagnes de communication à destination du grand public telles que par exemple la campagne « 5 Fruits et Légumes par Jour ».
Quantités maximales de viande établies en France et dans les pays ayant pris en compte l’environnement dans leurs recommandations alimentaires
Source : Réseau Action Climat et Société Française de Nutrition
Arrivé à échéance fin 2024, un nouveau programme est actuellement en discussion dans la perspective de l’actualisation de ses recommandations qui jusqu’alors prenaient appui sur une approche nutritionnelle. Or, ces associations recommandent la prise en compte des enjeux environnementaux dans la mesure où les scénarios prospectifs de modélisation de la transition des régimes alimentaires(1) ont mis en avant l’impact environnemental des productions animales. Selon ces prospectives en débat, les régimes riches en viande représenteraient 60 % des émissions carbone du système alimentaire lequel pèserait pour 22 % de l’empreinte carbone d’un Français en 2018. La réduction à un niveau de 50 % la consommation de viande et de produits laitiers permettrait une diminution de 31 % des émissions agricoles.
Consommation apparente par bilan en bovin, porcin et volaille en Allemagne, Danemark, Espagne, Pays Bas et France en 2002, 2012, 2022 et leur évolution
Source : Ifip d’après le JRC
D’autres pays tels que la Belgique, l’Espagne, le Danemark et plus récemment l’Allemagne, ont intégré la durabilité environnementale dans leurs recommandations nutritionnelles les conduisant à abaisser le seuil de consommation des viandes. Cependant une grande disparité existe entre pays d’Europe de l’Ouest et la France fait partie de l’un des pays ayant la plus faible consommation en viandes et en particulier en porc. Par ailleurs, selon des données FranceAgrimer, la réduction de la consommation de viande des populations les plus modestes ciblées en particulier par les campagnes de communication nutritionnelle, s’effectue surtout au profit des produits à base de céréales (pain et pâtes) loin devant celle des fruits et légumes. Enfin, les recommandations nutritionnelles du PNNS font également état de seuil minimum dont il est peu question. Pourtant les acteurs de la restauration collective pour lesquels le PNNS est particulièrement structurant dans la construction des menus, prennent de plus en plus appui sur les seuils minimum pour s’engager dans des démarches de végétalisation des assiettes.
La consommation des ménages “modestes” se reporte surtout vers les produits de type “pains et céréales”
Source : FranceAgrimer d’après Myworldpanel
(1) Transition 2050 de l’Ademe, Tyfa de l’Iddri, Afterres 2050 de Solagro, régime planétaire de The Lancet
Sources : Réseau Action Climat, Anses, Ademe