Essor et mutation de la production porcine dans le bassin nord-européen : émergence d'un modèle d'élevage transfrontalier inédit

L’Allemagne, les Pays-Bas et le Danemark deviennent un bassin de production unique avec spécialisation géographique des activités et flux transfrontaliers importants d’animaux. Premier marché de consommation de porc de l’UE, l’Allemagne a une position géographique qui facilite les échanges. Sa politique de modération salariale a rendu son industrie très compétitive lui permettant de s’imposer à l’export. Plus rentable, l’engraissement s’est développé au détriment du naissage. En 2009, l’Allemagne a importé 9 millions de porcelets et 5 millions de porcs charcutiers, du Danemark et des Pays-Bas principalement. L’export en vif traduit moins un choix stratégique que la forte pression environnementale dans ces deux pays et qu’une perte de compétitivité de l’abattage-découpe au Danemark. Ces dix dernières années, 7 élevages de truies sur 10 ont disparu au Danemark, 6 sur 10 aux Pays-Bas. Cette restructuration accélérée dote ces pays de porcheries modernes et aux normes, avec les meilleures performances techniques mondiales. Mais cette mutation est porteuse de risques économiques (endettement des fermes), sociaux (hégémonie du modèle d’élevage) et sanitaires (flux d’animaux vivants). A l’avenir, la production ne devrait pas augmenter sensiblement au Danemark et aux Pays-Bas, limitée par l’environnement. Leur spécialisation en naissage devrait se poursuivre pour alimenter l’Allemagne durablement déficitaire en porcelets, avec la probable disparition de nombreux petits naisseurs du sud. Dans le nord-ouest « saturé » par l’essor de l’engraissement, l’opposition sociétale et les difficultés d’accès au foncier limitent les perspectives de croissance.