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Place du Bien-Etre Animal dans toutes les attentes sociétales et panorama européen des critères retenus

Place du Bien-Etre Animal dans toutes les attentes sociétales et panorama européen des critères retenus

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Auteur : Roguet C
Les débats entourant l’élevage en France peuvent être classés en quatre grands registres : l’impact de l’élevage sur l’environnement, le bien-être animal (BEA), l’impact sur la santé animale et humaine et l’organisation de l’élevage (concentration structurelle et géographique). Les questions de BEA sont aujourd’hui au coeur des débats. Un sondage réalisé en 2016 dans le cadre du projet ACCEPT auprès de 2000 citoyens représentatif de la population française a montré que les deux premières actions à mener en priorité pour l’élevage étaient, selon eux, d’offrir à tous les animaux élevés en France un accès au plein air et de renforcer les réglementations en matière de bien-être animal. Plus précisément, d’après un sondage réalisé en 2018 pour le LIT Ouesterel auprès de 1003 personnes représentatives de la population française, si un label bien-être et santé animale était mis en place, les trois éléments les plus importants qu’il devrait garantir seraient 1) l’accès des animaux à l’extérieur, 2) l’interdiction de la contention individuelle, 3) la rémunération du travail de l’éleveur. Pour répondre à cette demande sociétale, les normes professionnelles évoluent au travers de cahiers des charges. Les labels BEA à différents niveaux d’exigences créés dans le nord de l’Europe (Beter Leven aux Pays-Bas, Für Mehr Tierschutz en Allemagne, Bedre Dyrevelfaerd au Danemark) fixent des obligations de moyens telles l’interdiction de la contention des truies en maternité et des pratiques douloureuses comme la castration ou la coupe des queues, l’allongement de la durée d’allaitement, des conditions de logement offrant plus de distraction et de place voire un accès à l’extérieur… Face aux besoins d’investissement pour transformer les élevages (pour la France : 1 milliard d’euros pour les truies libres en maternité, 2,5 milliards pour augmenter la surface de 0,7 à 1 m² par porc à l’engrais…), trois voies de financement sont envisageables : i) améliorer les performances techniques pour écraser les surcoûts, ii) faire payer tous les contribuables, au travers d’une réorientation des aides publiques de la PAC ou du plan de relance national, iii) faire payer les consommateurs pour leurs exigences, en augmentant les prix à la consommation, soit globalement par des taxes, soit de manière ciblée par une segmentation du marché. Après la création de labels étiquetant uniquement les produits mieux-disants sur le BEA, se développent des étiquetages généraux du mode de production. En Allemagne, depuis avril 2019, les distributeurs se sont engagés à étiqueter la viande fraîche de porc, volaille et boeuf vendue en libre service selon le mode de production avec un label uniforme à quatre niveaux, le Haltungsform, littéralement « mode d’élevage ». Cet étiquetage unique doit améliorer la lisibilité pour le consommateur. Il ne crée pas de nouveau cahier des charges mais s’appuie sur ceux existants. En France, Casino en partenariat avec différentes ONG de bien-être animal, a créé un référentiel puis une étiquette BEA, commercialisée pour le poulet. A l’échelle européenne, les ONG font du lobbying pour un étiquetage obligatoire du mode d’élevage et l’Allemagne a affiché sa volonté de porter ce dossier pendant sa présidence du Conseil de l’UE. En conclusion, le mouvement de montée en gamme est enclenché que ce soit par les normes réglementaires ou les cahiers des charges privés. L’élevage de porc en bâtiment « amélioré » sera le standard de demain. Cette montée en gamme soulève des enjeux techniques, économiques et réglementaires : i) trouver les alternatives aux pratiques contestées, ii) répondre à des consommateurs et des marchés divers, pour lesquels le prix reste le premier déterminant de choix, iii) arbitrer le conflit d’objectifs entre réduire les impacts environnementaux et améliorer le bienêtre animal. La transformation des modes d’élevage devra être aussi progressive pour limiter les risques d’abandon de la production par des petits élevages qui accélèrerait la concentration structurelle, d’augmentation des importations en provenance de pays moins disants et d’accentuation de la baisse de la consommation.

Fiche technique

Titre :

Place du Bien-Etre Animal dans toutes les attentes sociétales et panorama européen des critères retenus

Date sortie / parution :

2020

Référence :

Congrès de l'association française de médecine vétérinaire porcine (AFMVP), actualités en production porcine, 3 décembre 2020, Maisons-Alfort (France)

Auteur

Roguet

Chef de projet, PhD - Experte sur les problématiques d'acceptabilité sociétale et sur l'économie des exploitations d'élevage

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