Point de vue : légère contraction de la production mondiale en 2023
Points de vue de l'IFIP
13/04/2023 11:39 | Place des marchés Il y a 1 an et 0 jour
Ajouter à ma listeEn 2023, la production mondiale de porc devrait se contracter. Selon des éléments actuellement observés sur les marchés, les prévisions de marché récemment réalisées par les analystes de l’USDA semblent un peu prudentes et les dynamiques pourraient être plus marquées.
En début d’année, les analystes américains de l’USDA ont posté un rapport détaillant leurs prévisions mondiales des marchés pour l’année 2023, le Livestock and Poultry : World Markets and Trade. Après analyses et observations actuelles, il semblerait que , ce qui donnerait lieu à une légère contraction de la production mondiale en 2023.
Croissance attendue en Chine
Malgré une année 2022 plutôt compliquée pour le secteur porcin en Chine, des perspectives de croissance peuvent être envisagées pour 2023. La stabilisation des prix et des approvisionnements est un enjeu prioritaire pour le gouvernement et, depuis l’épidémie de FPA, la filière porcine a subi un grand mouvement de restructuration et de professionnalisation de l’élevage pour y répondre. Avec de nombreux investissements réalisés sur les bâtiments d’élevage, l’amélioration des performances techniques, la biosécurité, la formation des éleveurs et la mise en place d’outils de suivi des marchés, la production nationale devrait augmenter en 2023. Les analystes de l’USDA envisageaient en début d’année une stabilisation de la production et de la consommation en 2023, mais ces prévisions semblent désormais trop prudentes. La restructuration du secteur porcin se poursuivra sans aucun doute en 2023, tout comme le développement de l’offre nationale, stimulés par un rebond graduel de la consommation. Les perspectives de croissance économique pour la Chine en 2023 laissent en effet entrevoir une reprise des activités dans de nombreux secteurs, et en particulier dans celui de la restauration. Ceci devrait stimuler la demande en viande de porc. Par ailleurs, les stocks nationaux de matières premières sont actuellement au plus haut, ce qui devrait permettre un meilleur contrôle des prix et des coûts de production.
En définitive, la production porcine de la Chine pourrait progresser de 1 à 2 % en 2023 par rapport à 2022.
Offre européenne baissière
En Europe, malgré l’amélioration des prix du porc à la production et la détente des coûts liés à l’alimentation animale en début d’année, l’offre européenne baissera très fortement en début d’année. Les estimations d’un recul de 0,4 % paraissent trop optimistes alors que le marché européen a perdu plus de 500 000 truies en un an. Une amélioration de la production pourrait être envisagée au second semestre de l’année, mais ne suffira pas à compenser les pertes de cheptel. De plus, les perspectives à l’export ne sont pas particulièrement optimistes. La production européenne pourrait ainsi se réduire de 3 à 4 % en 2023/22.
Prévisions de production mondiale (estimations USDA en Mtéc)
Source : Ifip d’après USDA
Production en hausse aux Etats-Unis et au Brésil
Contrairement à l’Europe, la production porcine devrait progresser aux Etats-Unis et au Brésil. Côté production, le cheptel reproducteur américain est stable au premier trimestre et les gains de productivité attendus permettront une hausse de l’offre. Le marché nord-américain a retrouvé en 2022 une relation commerciale dynamique avec son partenaire privilégié qu’est le Mexique. Les exportateurs ont enclenché une démarche de diversification des débouchés, ce qui stimule la demande en porc. Ces tendances devraient se poursuivre en 2023 mais le marché restera confronté à de nombreuses incertitudes. Les témoignages du secteur indiquent des intentions de mises-bas à la baisse en deuxième partie d’année, du fait d’un manque de rentabilité pour les éleveurs. Par ailleurs, les problèmes liés à la main d’œuvre dans les industries persisteront très certainement. La croissance devrait ainsi être très limitée. Au Brésil, les perspectives de marché restent positives, tant à l’export qu’à la production. Le Brésil devrait effectivement voir sa production progresser de 2 % en 2023, ce qui laissera davantage de volumes disponibles sur les marchés mondiaux et concurrencera les viandes européennes.
Malgré ces diverses hypothèses quant aux perspectives d’offre, gardons à l’esprit que les filières porcines mondiales resteront menacées par les épidémies (FPA, SDRP, etc.), par les tensions géopolitiques mais aussi par l’extrême volatilité des cours et par les incertitudes économiques qui en résultent.