Supplémenter en méthionine, thréonine et tryptophane : quel intérêt dans le sevrage des porcelets ?
L’IFIP a évalué l’intérêt d’un accroissement des apports en méthionine, thréonine et tryptophane sur les performances et l’état de santé de porcelets dans la période après sevrage. Ces acides aminés ont été choisis pour leurs implications dans les phénomènes immunitaires, la lutte contre le stress oxydant et le fonctionnement digestif des porcelets.
Des travaux récents indiquent que la méthionine, la thréonine et le tryptophane peuvent influencer favorablement la santé digestive, la réponse à l’inflammation et le statut anti-oxydant des porcelets au sevrage. Dans cette optique, l’enrichissement en méthionine, thréonine et tryptophane de l’aliment de sevrage est testé dans cet essai mené à partir de porcelets élevés en conditions très dégradées d’élevage. Des apports supplémentaires d’acides aminés de synthèse permettent de parvenir à des ratios méthionine/lysine, méthionine + cystine/lysine, thréonine/lysine et tryptophane/lysine supérieurs au profil protéique idéal habituellement recommandé à ce stade physiologique : respectivement, 53 et 38 %, 75 et 60 %, 70 et 65 %, 22 et 19 %.
Les porcelets (n=240) sont introduits au sevrage dans une salle non nettoyée et dont le lisier des animaux de la bande précédente est toujours présent dans les préfosses. La période de distribution de ce supplément d’acides aminés est limitée aux deux premières semaines post-sevrage correspondant à la période dite de 1er âge. A l’issue de cette période, tous les porcs reçoivent le même aliment pendant la période de 2ème âge (de 2 à 5 ½ semaines après sevrage). Les performances zootechniques des porcs sont mesurées. En complément, une évaluation de l’état corporel des animaux est réalisée (notation des griffures et des plaies), des dosages sanguins sont effectués afin d’évaluer le statut oxydant et d’apprécier l’état inflammatoire. Enfin le score fécal et le taux de matière sèche des fèces sont également enregistrés.
Les résultats de l’essai ne permettent pas de conclure quant à l’effet favorable d’une supplémentation accrue en ces acides aminés au moment du sevrage. L’essai est marqué par un épisode de diarrhées particulièrement intense à partir de 9 jours de post-sevrage. Les traitements antibiotiques étant volontairement réduits pour ce type d’essai (conditions dégradées d’élevage), la colistine n’a été distribuée qu’à partir de 14 jours. Dans l’intervalle, 28 porcs sont morts avec des signes de diarrhée soit près de 16 % de l’effectif du régime test et 8 % de celui du régime témoin.
Il semble que l’effet de la nature des régimes alimentaires soit largement atténué lorsque les conditions sanitaires se dégradent fortement. Cela milite avant tout pour le respect des consignes de biosécurité et de précautions sanitaires.
Etude réalisée dans le cadre du plan Ecoantibio 2, avec le soutien financier du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation.
Contact : didier.gaudre@ifip.asso.fr