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Marché du porc : Fort recul des cotations européennes cet été
Articles de conjoncture
10/09/2024 14:30 | Place des marchés Il y a 2 mois et 10 jours
Ajouter à ma listeAu cours de l’été un intense mouvement de baisse des cotations des porcs est venu bousculer les marchés européens. De tels reculs n’avaient pas été observés depuis quatre ans. Bien que l’offre européenne ait fortement reculé depuis deux ans, les abattoirs évoquent un approvisionnement suffisant pour répondre à une demande des consommateurs décevante. L’impact sur les cotations a été sans appel cet été.
Les prix se refroidissent sous l’impulsion des pays nord européens
Au sein du bassin européen, les marchés ont été marqués par un intense recul des cotations en juillet et en août. Deux éléments expliqueraient en partie cette tendance du côté de l’offre mais aussi de la demande.
La baisse de l’offre semble ralentir en Europe, comme le laissait envisager les résultats de l’enquête cheptel de décembre dernier. Au cours du premier semestre, plus de 109 M de porcs ont été abattus sur le bassin européen, un niveau équivalent à l’an dernier (+ 0,1 % par rapport à 2023). Ce ralentissement est en parti à l’origine de l’affaiblissement des cours. Toutefois, les dynamiques sont hétérogènes entre les pays. Parmi les principaux producteurs européens, les abattages espagnols affichent un recul de 1,7 % par rapport à l’an dernier. En France aussi, les abattages de la zone Uniporc ont reculé de 1 % en un an (cumul 8 mois). En revanche, l’offre se stabilise au nord de l’Europe.
Du côté de la demande, la faiblesse du marché européen pèse aussi sur les cours, avec des variations selon les zones géographiques et l’arrivée ou la sortie des flux de touristes. De plus, la météo capricieuse, frileuse ou caniculaire selon les régions, n’a pas permis de renforcer la consommation des produits du porc, en particulier au nord de l’UE. Concernant les exportations, les ventes ne décollent pas, les acheteurs sont suspendus aux décisions du gouvernement chinois et restent donc prudents. Toutefois, une reprise des achats est constatée sur les autres marchés asiatiques tels que le Japon, la Corée du Sud ou encore les Philippines, d’après les opérateurs européens.
Ce contexte a été générateur d’un affaiblissement des niveaux de prix, mais la correction des cotations s’est révélée plutôt sévère. A l’exception de l’Espagne, les prix ont reculé d’une vingtaine de centimes en moyenne entre fin juin et fin août. Ce mouvement a été largement impulsé par les pays du nord de l’UE, avec une position plutôt agressive des abatteurs danois, néerlandais et allemands. Les baisses de prix sont de 18,2 % au Danemark, 14,6 % en Allemagne et 12,6 % aux Pays-Bas, en comparaison à l’an dernier. Les abatteurs nord-européens profitent de ce contexte pour abaisser le prix des porcs et des viandes.
En revanche, le marché espagnol a résisté durant tout l’été, avec des baisses bien plus modérées. Les écarts de prix sont importants et la cotation espagnole paraît déconnectée des autres pays. En moyenne sur août, 19 centimes séparent le prix perçu par les éleveurs espagnols et français, et 67 centimes avec les Danois. Bien que l’Espagne ait pu profiter d’un afflux de touristes au cours de l’été, a contrario des pays nordiques, ces écarts de prix ne reflètent pas totalement les équilibres offre/demande du marché européen, mais plutôt les contraintes des grands acteurs des marchés. Danemark et Espagne sont tous deux très dépendants des marchés internationaux et de la compétitivité de leurs produits.